Faut-il avoir une opinion sur tout ?


« De l’aube de la civilisation à 2003, cinq exaoctets de données ont été créés. La même quantité a été créée au cours des deux derniers jours ».

— Eric Schmidt, ancien PDG de Google.

Ça, c’était il y a dix ans, en 2003. Imagine juste maintenant…

Ce qui se passe, c’est qu’on croule sous les infos. On ne sait plus où donner de la tête. Beaucoup d’entre nous n’arrivent plus à se concentrer. D’autres sont devenus rongés par l’anxiété : ils ne savent plus se détendre, s’arrêter, mettre tout ça sur pause, parce qu’il y a encore et encore et encore d’autres infos qu’ils ne veulent pas rater.

Mais ce n’est que le début du problème : en plus de crouler sous les infos, on croule aujourd’hui sous les opinions.

Il ne peut pas se passer une chose dans le monde sans qu’on soit confronté à ce que pense chacun sur le sujet. Même quand il n’y a pas d’avis à avoir…

Sous une photo d’un coucher de soleil, tu vas trouver des opinions. Même sous une photo de brin d’herbe. Même sous une règle de grammaire. Même sous une carte géographique. Et à chaque fois, il faut que tu décides, toi aussi, ce que tu en penses. Tu te sens systématiquement pressé de choisir un camp.

Regarde juste autour de toi, pendant dix secondes. Qu’est-ce que tu vois ?

Tu vois peut-être une table, une chaise, un arbre au travers de ta fenêtre, le soleil qui brille, et un tapis.

Peut-être que tu es dans ton salon, que tu as vu ces mêmes choses devant toi chaque jour depuis dix ou quinze ans… et tu ne t’es probablement jamais posé la question de savoir si tu avais une opinion sur chacune d’entre-elles.

Mais pourtant, quand on tombe sur un article ou une vidéo sur le web, même sur un sujet qui n’est pas important pour nous, on se sent souvent presque obligé d’avoir un avis dessus.

Alors la vraie question, c’est la suivante :

Avoir une opinion sur tout, est-ce que ça nous aide vraiment à vivre mieux ?

Ou est-ce qu’au contraire, en laissant exister les choses qui ne sont pas importantes pour nous, en les laissant passer sans s’énerver ni s’enflammer, en les appréciant parfois, et en les évitant d’autres fois, on ne vivrait pas mieux ?

J’ai fait une expérience amusante, que je recommande à tout le monde d’essayer :

Choisis une vidéo d’une personne qui a tendance à t’irriter à cause de ses opinions radicalement contraires aux tiennes. Une vidéo de quelqu’un que tu ne peux vraiment pas voir en peinture à cause de ça.

Puis écoute la vidéo en fermant les yeux. Fais ça un peu comme un exercice de méditation. Et observe tes réactions, les sensations dans ton corps, l’irritation ou la colère qui monte, et l’effet que ça te fait.

Concentre-toi sur l’observation de tes réactions, plutôt que sur les arguments qui sont donnés dans la vidéo.

Ce que tu vas découvrir, c’est que c’est toi qui te fais du mal. Et pas la personne qui parle.

Pousser les gens à avoir des opinions sur tout, c’est ce qui fait le beurre des réseaux sociaux. Parce que quand on est enflammé, quand on est énervé, quand on est irrité, on reste longtemps dessus. Et on crée de l’engagement.

Les réseaux sociaux ne sont pas que des usines à contenus : ce sont surtout des usines à opinions.

Moi, j’ai choisi de laisser tomber. Et de ne garder d’opinions que pour les choses qui m’impactent vraiment, et sur lesquelles je m’y connais assez pour avoir un avis.

Je rechute parfois, et ça m’arrive de m’irriter de l’opinion de quelqu’un sur un sujet qui n’est pas important pour moi. Mais j’essaye de tenir le cap, parce qu’on vit vraiment mieux quand on a compris qu’on n’a pas besoin d’avoir d’avis sur tout.


📷 La photo du jour :

Titi, l'un de mes quatre chats, et son bol d'herbe.


☘️ Reçois ma newsletter :