La seconde partie de la vie


J’ai 43 ans. J’en aurai 44 au mois de février. Et quand j’ai monté ma première activité sur le web, j’en avais 24.

Peut-être que tu es plus âgé que moi et que tu es passé par cette étape-là toi aussi…

Pour moi, ça a été difficile de l’accepter. Je voulais continuer à vivre comme avant, sans pourtant avoir la même force ni la même énergie qu’autrefois.

Et surtout, je me demandais pourquoi les choses qui m’apportaient du plaisir et de la satisfaction par le passé m’en apportaient de moins en moins. Comme le fait de battre tous mes scores avec un lancement de produit, ou de m’installer encore une fois dans un nouveau pays…

J’avais de plus en plus l’impression que c’était la même histoire qui se répétait à chaque fois et chacune de ces répétitions m’apportait de moins en moins de plaisir.

Beaucoup des choses qui ressemblaient autrefois à des aventures devenaient attendues, prévisibles, routinières. Pour la simple raison que je les avais déjà faites dix ou cent fois.

Bref, je devenais désabusé. Et il n’y a rien de pire que ce sentiment-là.

Je continuais à croire que je pourrais trouver des projets qui pourraient me procurer autant d’étonnement que ceux que j’avais déjà montés à l’époque, quand c’était la première fois.

Mais rien n’arrivait plus à me satisfaire.

Après une période difficile sur le plan personnel — pour plusieurs raisons différentes de celle-ci —, je me suis dit « C’est bon. Je me pose sur ma chaise, et je regarde le monde bouger. Je n’ai plus besoin que tout tourne autour de moi, de ma soif d’aventure et de mon désir de vivre des choses uniques ».

Et depuis que j’ai fait ça, tout a changé. Je trouve aujourd’hui beaucoup plus de satisfaction dans les petites choses, que j’aurais jugées banales autrefois. Comme m’occuper d’animaux, m’asseoir sur un banc pour regarder un coucher de soleil, lire un bon roman, écrire, jardiner.

Je me suis mis à trouver mon plaisir dans les processus, plutôt que seulement dans l’accomplissement d’objectifs. Et ça m’a rendu beaucoup, beaucoup plus calme.

La petite voix qui ruminait des pensées dans ma tête depuis mon adolescence, qui me faisait sans cesse chercher et évaluer des façons d’améliorer chaque aspect de ma vie, elle s’est enfin tue.

Et j’ai trouvé le calme.

J’ai décidé de faire des choix pour moi, plutôt que pour mes résultats, ou pour vivre de façon extraordinaire.

Par exemple, peu à peu, je retire la vidéo de mon activité, juste parce que faire des vidéos me saoule. J’ai mis fin à mon offre d’abonnement, juste parce que je ne voulais plus avoir d’obligations. Et ainsi de suite.

Et ça m’apporte beaucoup plus de plaisir que de « percer un palier » ou de faire pour la centième fois un lancement de produit dont les résultats me rendront heureux pendant deux jours, avant de culpabiliser parce que le prochain n’aura pas été encore meilleur…

Je pourrais citer encore mille exemples concrets, à la fois en ce qui concerne le travail et la vie personnelle.

Je craignais cette seconde partie de la vie. J’avais peur qu’elle soit beaucoup moins agréable que la première, mais il s’avère qu’elle procure beaucoup plus de bonheur, en plus de permettre un niveau de sérénité qui est impossible à avoir à 20 ans ou à 30 ans.

Je n’ai que 43 ans, mais je sens déjà qu’une nouvelle petite voix s’est introduite dans ma tête et que cette voix deviendra peu à peu celle que j’écouterai le plus.

Et cette petite voix, elle dit : « Tout ça n’est pas grave. Telle chose que tu as jugé cruciale pendant toute ta vie ne mérite pas que tu y accordes de l’importance. La journée d’aujourd’hui, semblable à toutes les autres, est plus désirable qu’une aventure à l’autre bout du monde ».

C’est une voix qui calme et qui détend. C’est une voix qui change la façon dont on voit le monde et qui fait du quotidien, du simple et de l’ordinaire, l’essentiel et le plus désirable.

(Pour clarifier, au cas où, je n’entends pas de voix… N’appelez pas le Samu. C’est une image…)

Peut-être, aussi, que je suis en train de devenir un vieux con, sans rêves et sans ambitions. Mais je ne crois pas. Je crois que les rêves et les ambitions qu’on a dans la seconde partie de sa vie ne sont juste pas les mêmes que dans la première. Je crois aussi qu’ils peuvent apporter beaucoup plus de vraie joie que les plaisirs qui sont éphémères.


📷 La photo du jour :

Un vieil album avec des photos prises dans les années 1950 par mes grands-parents, trouvé dans de vieux cartons.

On découvre des choses en fouillant dans les vieilles affaires...


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