Pendant plus de dix ans, j’ai cru que la liberté, c’était de ne pas avoir d’attache.
D’avoir toute sa vie qui tient dans une valise, et de pouvoir partir sur un coup de tête à l’autre bout du monde, en suivant ses envies.
Et j’ai beaucoup travaillé pour arriver à vivre comme ça : ça a été ma vie, pendant des années.
Mais sur les routes, il y a toujours eu quelque chose qui m’a manqué. Avoir des racines. Des habitudes qui durent. Une connexion profonde avec un endroit et les gens qui l’habitent, qu’on ne peut avoir que lorsqu’on y a beaucoup de souvenirs.
Et je me suis donc mis ensuite à alterner les périodes de voyage léger, en emportant toute ma vie dans une valise, avec des périodes de projets : construction d’une maison au Cambodge, rénovation d’un chalet en Transylvanie, achat et aménagement d’un appartement...
Mais à chaque fois que je commençais à tourner en rond quelque part, je suis reparti.
Pendant des années, je n’ai pas su me décider. Et ça m’a coûté cher, même si j’ai pu tout revendre à un bon prix, et que ça m’a permis de vivre des expériences uniques et d’avoir une vie riche.
C’est la période Covid qui a changé tout ça : comme on ne pouvait plus voyager, alors je me suis convaincu que c’était mieux de vivre dans un seul endroit.
Je fonctionne souvent comme ça quand les choses ne se passent pas comme je le voudrais : j’essaye de me convaincre que ce que je suis obligé de faire est la meilleure option.
Et ça marche : dans la plupart des cas, ça permet de mieux vivre les situations qu’on ne peut pas changer.
Depuis la période Covid, j’ai quand même rechuté, puisque j’ai acheté et rénové un appartement (que j’ai ensuite revendu), et acheté deux fermes…
Mais ça va bientôt faire un an que je vis dans la même (la deuxième), et pour la première fois de ma vie, je n’ai pas envie de partir.
Les animaux y sont pour quelque chose : par un concours de circonstances, je me suis retrouvé avec sept chiens et quatre chats, dont je m’occupe au quotidien.
C’est donc difficile de partir, même pour quelques semaines, parce que ça demanderait une organisation complexe.
Depuis que je suis ici, à chaque fois que j’ai été tenté d’aller voir ailleurs, à chaque fois que j’en ai eu marre de tout (ça m’arrive parfois), les animaux ont été là pour m’apaiser, pour me rappeler que je ne peux pouvais plus faire tout ce que je voulais.
Et je leur en suis reconnaissant, parce qu’en ayant une vie plus stable, beaucoup d’autres problèmes que je traînais depuis des années se sont résolus par eux-mêmes. J’ai enfin trouvé l’équilibre qui m’avait tant manqué, grâce à mes onze animaux.
Ils m’ont permis d’arrêter de passer ma vie à chercher un champ où l’herbe est plus verte, à partir sans cesse et à me réinventer à chaque fois que je m’ennuie, ou que les choses ne vont pas aussi bien que je voudrais qu’elles aillent.
Et bizarrement, je me sens beaucoup plus libre aujourd’hui. C’est juste un autre type de liberté.
Je suis libre de ces questionnements incessants sur « Quel est le meilleur endroit pour vivre ? » « Dans quelle aventure je pourrais me lancer ? »…
Tout ça m’a permis de réaliser que la vraie liberté, elle ne consiste pas à faire ce qu’on veut quand on veut.
Parce que lorsqu’on a trop de choix, on fait souvent n’importe quoi. On privilégie la voie la plus facile ou la plus attrayante sur le court terme, en négligeant le long terme.
C’est tout le problème de l’abondance : quand tout est possible, alors il faut une volonté de fer pour réussir à faire ce qui compte vraiment sans se laisser distraire. Pour ne pas abuser de ce qui apporte du plaisir à court terme, mais qui peut devenir toxique sur le long terme.
Bref, ce sont les animaux qui m’ont permis de changer de regard sur la vie, et de vivre mieux, en me stabilisant.
Je leur en suis reconnaissant, et en les voyant tous les matins agiter la queue ou se caresser contre mes jambes, ils me rappellent que j’ai fait le bon choix.
📷 La photo du jour :
Lolo, l'un de mes sept chiens, vous passe le bonjour.
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