Le mythe de la machine unique


Regarder ses mails, passer un coup de fil, lire un article, faire une recherche, écrire, lire un livre…

On fait tout sur le même appareil : un téléphone ou un ordinateur. Et c’est bien pratique. Mais ça ruine notre capacité d’attention.

Il y a tellement de possibilités, tellement de sollicitations, tellement de choses plus tentantes à y faire que celles qui sont les plus importantes… Qu’il nous faut une volonté de fer pour résister et réussir à porter notre attention sur une activité à la fois.

Beaucoup d’auteurs n’arrivaient plus à écrire sur ordinateur à cause de ça, et ont investi dans une machine à écrire moderne comme le Freewrite, ou bien se sont tout simplement remis à écrire à la main avec un stylo.

De plus en plus d’étudiants reviennent aux bons vieux cahiers, plutôt que de prendre des notes avec un clavier (d’ailleurs des études ont montré qu’on retient beaucoup mieux ce qu’on note lorsqu’on écrit à la main).

Et beaucoup de gens commencent à regretter les objets d’avant, ceux qui n’ont qu’un seul usage :

Le livre, qui ne laisse pas la possibilité d’aller se perdre dans des discussions sur des messageries…

Le réveil matin, qui n’offre aucune distraction capable de décaler l’heure à laquelle on s’endort…

Ou un ordinateur dédié à la tâche la plus importante de son travail, sur lequel tout le reste est bloqué avec une application du type Freedom.to

On a oublié, aussi, que chaque objet avait un sens, et créait un certain contexte :

Un téléphone évoque la vitesse. Le contenu infini. Il incite à passer d’une chose à l’autre, à privilégier les formats courts et distrayants. Parce qu’il est fait pour ça.

Un livre évoque le calme. L’idée que rien ne presse. Une certaine intemporalité. Et il crée donc un contexte qui aide à porter davantage d’attention sur ce qu'on lit, pendant plus longtemps.

Un cahier évoque l'apprentissage. Et aussi la créativité.

En utilisant des couteaux suisses qui font absolument tout, on s’est peut-être privé de contextes, de sens et d’évocations qui rendaient la concentration facile, induite, évidente.

Et comme on n’a plus ça, alors il ne nous reste plus qu’une seule option : se forcer. Et comme chacun le sait, ce n’est pas ce qui a le plus de chances de marcher.

Pourtant, beaucoup en sont rendus à ne plus prêcher que l’autodiscipline, à considérer les gens comme des bêtes de trait qui ne s’autoflagellent pas assez, tout en méprisant complètement la puissance du contexte.

Je te propose une expérience : revenir aux objets que tu utilisais avant le smartphone, pendant juste 30 jours. Pour faire le test, et voir si ça ne pourrait pas résoudre beaucoup des problèmes contre lesquels tu essayes de lutter.

Par exemple :

Remplace ton téléphone par un réveil-matin (et laisse ton téléphone à charger dans une autre pièce).

Écris sur un vieil ordinateur que tu dédies à ça, et sur lequel tu enlèves tout le reste (ainsi que la connexion internet).

Lis des vrais livres, et vois si tu arrives à être naturellement plus attentif, sans te forcer davantage.

Prends des notes sur un cahier, et vois si ça t’aide à être plus créatif, ou à trouver des idées plus facilement.

Après la fin de ces trente jours, peut-être que tu continueras, ou peut être pas. Mais au moins, tu sauras ce que tu rates, et tu pourras juger en connaissance de cause.

Mon avis, c’est que tu seras probablement étonné de ne plus avoir besoin de lutter autant pour te concentrer. Et que tu garderas au moins certaines de ces habitudes pour le restant de tes jours.

Essaye chez toi !


📷 La photo du jour :

Le champ sur lequel j'habite, vu de la maison principale.

En bas à gauche, la clôture qui avance...


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