Parler dans le noir


« Je n’ai jamais rencontré un auteur qui voulait faire autre chose que d’écrire.

Parfois, ils arrêtent pendant quelques mois, mais ceux qui ont mordu la vraie racine ne l’abandonnent pas : s’ils le font, ils deviennent fous, alcooliques ou suicidaires ».

– D’après Natalie Goldberg (dont je recommande vivement les livres, à commencer par Wild Mind).

« Écrire, c’est essentiel. Une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus faire marche arrière sans entrer dans le déni profond et dans la dépression. Ce serait comme refuser l’eau. L’eau est dans notre sang. On ne peut pas vivre sans. »

– D’après Tammi Labercque.

Ce genre d’attitude est fréquent chez ceux qui ont fait de l’écriture leur métier. Mais je n’ai jamais entendu dire la même chose de créateurs qui font des vidéos…

L’écriture a quelque chose de plus profond, de plus fondamental que l’image : on s’ouvre davantage quand on rédige, un peu comme quand on parle dans le noir :

Ça a dû t’arriver, quand tu étais petit, de parler dans le noir, caché sous la couette : comme on ne te voyait pas, tu arrivais plus facilement à raconter tes secrets sans te sentir jugé.

En grandissant, peut-être que tu as eu aussi des discussions au coin du feu avec des amis ou des proches, pendant lesquelles tu as réussi à leur confier des choses que tu n’avais jamais pu leur dire avant.

Quand on est face-à-face et en pleine lumière, c’est beaucoup plus difficile d’être profond. On parle de la pluie et du beau temps, des travaux qui n’en finissent pas sur la rocade et de la hausse des prix chez Leclerc.

Mais quand on est dans le noir, sous la couette ou au coin du feu, on a tendance à s’ouvrir naturellement.

Et l’écriture, c’est de la création dans le noir :

On est davantage soi-même quand on écrit depuis son lit que quand on parle devant des projecteurs.

C’est pour ça, aussi, que l’écriture peut remplacer ou compléter des thérapies : quand on a besoin de parler, il est beaucoup plus naturel de s’ouvrir devant un clavier ou une feuille de papier qu’en plein jour.

Pour moi, l’écriture correspond à un renouveau. Elle m’a permis de me retrouver. De me sentir chez moi lorsque je crée un contenu, plutôt qu’invité sur une plateforme qui n’est pas la mienne, et dont les codes me correspondent de moins en moins.

L’écriture me rend aussi plus libre. Libre de créer sans forcément être d’humeur à parler. Libre de travailler sous ma couette, au milieu de mes travaux, ou depuis des endroits qui n’ont pas besoin d’être ni jolis ni rangés.

L’écriture me permet également de passer l’essentiel de mon temps de travail à créer vraiment (et pas à regarder défiler des barres d’export ou d’upload).

Depuis que je me suis remis à écrire, j’ai retrouvé la source. Il n’y a pas un article, pas une seule page de mes manuels que je me sois forcé à rédiger. Chaque lettre tapée a été un plaisir.

Le problème de l’écriture, c’est qu’on a tendance à l’idéaliser et donc, à la dramatiser. Mais tout le monde peut écrire. Il suffit de mettre un mot derrière l’autre. Et surtout, d’ouvrir son cœur, comme on le faisait quand on était gamin et qu’on parlait dans le noir, sous la couette.

Si tu n’as jamais écrit, essaie de le faire pour toi seul, dans un premier temps. Tu verras si tu ressens la même chose que moi.


📷 La photo du jour :

La toiture de la petite maison qui se trouve sur mon terrain laisse passer l'eau... En attendant de la refaire (j'attends des devis), je l'ai recouverte d'une bâche.

Bref, quand on finit des travaux, il y en a des nouveaux à faire !


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