Voyager lentement


J’aime voyager lentement.

Je viens de faire une traversée de l’Europe en train, de la Roumanie à la France, ainsi que le retour de la même manière.

Ce n’est pas la première fois : j’ai commencé à faire ça quand j’étais enfant. Mon père travaillait à la SNCF et on avait accès à des réductions dans toute l’Europe (en plus du train gratuit en France). Ma mère étant prof, elle avait de grandes vacances l’été et, chaque année, on allait quelque part en Europe, en voyageant lentement, en train.

C’est peut-être ça, d’ailleurs, qui m’a donné le goût du voyage : mon rêve, quand j’étais petit, c’était de pouvoir monter dans un train sans connaître sa destination et de me laisser transporter vers des pays inconnus. D’autres voulaient devenir pompier ou astronaute, mais moi, mon truc, c’était ça.

Ce que j’aime quand je voyage lentement, c’est de voir les transitions dans le paysage. On ne décolle pas de Paris pour arriver deux heures après à Belgrade ou à Bucarest, de but en blanc.

On voit le paysage changer, l’architecture évoluer, la façon dont sont organisés les villes et les villages…

On observe les gens qui descendent et qui montent du train, dont le style vestimentaire et le comportement changent aussi, à mesure que le train avance.

Voyager lentement, ça permet aussi de stimuler sa créativité. C’est souvent dans ces moments-là que j’ai mes meilleures idées, parce que je ne suis pas dans un environnement familier.

Bien sûr, pour pouvoir voyager lentement, il faut avoir le temps. C’est l’un des avantages d’avoir une activité en ligne : beaucoup des articles que j’ai publiés ces derniers jours ont été écrits depuis le siège d’un train, par exemple.

Mais ça demande aussi d’apprécier le voyage pour le voyage et pas seulement pour le point d’arrivée.

Le voyage lent n’est pas une progression vers un but, mais c’est le but en soi.

J’habite en Europe de l’Est, dans une ferme que je suis en train de rénover. Et j’ai de la famille à Rennes, ma ville d’origine, en France.

À chaque fois que je retourne à Rennes, c’est une aventure : ça commence par deux heures de voiture jusqu’à une gare. Puis de là, je monte dans un train pour Budapest, en Hongrie.

Après quatre heures de train, je suis dans la capitale hongroise, où je passe la nuit. Parfois, j’y reste aussi deux ou trois jours : j’y ai beaucoup de souvenirs.

Ensuite, je pars pour Vienne, puis Salzbourg, en Autriche, par le Railjet. Les paysages sont magnifiques. Je dors souvent à Salzbourg, la ville de Mozart.

Ensuite, c’est l’Allemagne, avec une nuit à Stuttgart, Munich ou Karlsruhe, selon ce qui est le plus pratique en fonction des horaires.

Enfin, c’est la France : le train à grande vitesse passe par Strasbourg, puis s’arrête à Paris. Changement de gare pour Montparnasse : j’aime avoir quelques heures pour avoir le temps de déjeuner ou m’asseoir en terrasse, pour observer les passants et sentir l’atmosphère.

Je pars ensuite pour Rennes et j’arrive enfin dans ma ville d’enfance.

Cette fois-ci, à l’aller, j’ai essayé une nouvelle option : le Nightjet. C’est un train de nuit qui fait Vienne (en Autriche) — Paris.

On part vers 19 h et on se réveille le lendemain matin à Paris, vers 9 h.

C’est pratique quand on veut voyager par le train et qu’on est pressé. Mais je suis revenu en train de jour, pour profiter davantage du voyage au retour.

Pendant plusieurs périodes, j’ai voyagé en Europe sans avoir d’itinéraire prévu. J’allais dans une ville qui m’intriguait, en train, en voyageant lentement. J’y restais parfois deux jours, parfois trois semaines. Quand je m’en lassais, je choisissais une autre destination et je repartais, toujours en train.

La dernière fois que j’ai fait ça, je me suis retrouvé à Varsovie, en Pologne. Mais j’y suis resté coincé deux mois : c’était le début des confinements…

Depuis, je rénove une ferme à la campagne et j’ai moins l’occasion de voyager. J’ai onze animaux (sept chiens et quatre chats) et, avant de partir, il faut s’organiser pour avoir quelqu’un qui reste sur place et qui s’en occupe.

Aujourd’hui, je voyage donc moins souvent. Mais je continuerai à le faire de temps en temps.

Si tu n’as jamais voyagé lentement, essaie : au lieu de te fixer un but, fais du voyage ton but. Pour moi, c’est la meilleure façon de voyager…


📷 La photo du jour :

Traversée de l'Europe...


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