Lettre à ceux qui n’y arrivent pas


Si tu essaies de gagner ta vie sur le web depuis des années, mais que ça ne marche pas, alors lis bien ce qui suit.

Quand on est coincé dans un projet d’activité qui ne décolle pas, c’est comme quand on est embourbé en voiture : plus on appuie sur l’accélérateur et plus on s’enfonce.

La philosophie Hustle, c'est une approche préhistorique de l’entrepreneuriat qui consiste à dire aux gens : «Si ça ne marche pas, c’est que vous ne vous êtes pas assez poussé, que vous n’avez pas mis assez d’efforts, que vous ne vous levez pas à 5 h du matin tous les jours, que vous avez encore gardé une vie sociale et que vous avez le temps de prendre une douche .» Elle est responsable de millions de destins brisés, probablement de centaines de milliers de burn-outs, et certainement de pas mal de suicides.

Cette approche-là ne fonctionne que dans un cas : quand la seule compétence dont on a besoin pour réaliser une tâche, c’est la force brute. Comme quand il s’agit de casser des cailloux, ou de creuser un trou avec une pelle.

Mais quand on l’applique à une activité créative, c’est la Bérézina : ça revient à pousser sur l’accélérateur quand on est embourbé dans 30 cm de boue, en s’enfonçant de 5 cm de plus à chaque fois qu’on appuie.

Dans nos métiers, il y a tellement de choses qui priment sur la force brute.

À commencer par l’idée générale de ton activité. Ton positionnement. Ta «voix», c’est-à-dire le ton que tu utilises dans tes écrits ou tes enregistrements. Et bien entendu, l’originalité de ton approche, la pertinence et la rareté de ce que tu enseignes…

Rien de tout ça ne peut se construire et s’affiner en utilisant la force brute, ni en se poussant à travailler douze heures par jour…

Ce qui marche c’est même l’inverse : travailler moins. Beaucoup moins, même.

Parce que pour pouvoir construire tout ça et l’affiner, il faut être capable de prendre le recul nécessaire. Il faut avoir l’esprit vide de tâches urgentes.

Quand on a trouvé une idée, il faut aussi prendre le temps de la tester à petite échelle pour pouvoir la valider, avant d’aller bourrer dedans comme un Néandertal armé d’un gourdin.

Si tu as l’impression que tu as tout essayé et que ça ne marche pas, alors arrête. Ça ne sert à rien de t’enfoncer encore plus.

Reprends un boulot salarié pendant quelques mois, ou même pendant un an. On réfléchit mieux quand on a l’esprit libre, et quand on n’est pas inquiet de savoir comment on pourra remplir son frigo à la fin du mois.

En vivant dans l’urgence financière, c’est quasiment impossible de prendre des décisions qui sont bonnes sur le long terme : on privilégie les résultats immédiats (même si ça demande de sacrifier une plus grande réussite à long terme), et c’est bien normal, parce qu’on a besoin de manger.

Ceux qui sont allergiques au salariat peuvent se mettre à faire de la prestation de services pendant quelque temps. Ce n’est pas forcément la carrière dont ils rêvent, mais ça leur laissera le temps de réfléchir, de prendre du recul, de faire mûrir des idées.

Et accessoirement, ça leur permettra peut-être de se lancer dans un nouveau projet d’activité qui ne se monte pas en une semaine ni en un jour : tout ce qui prend du temps à lancer demande d’avoir une source de revenus temporaire à côté.

Il n’y a pas de honte à revenir en arrière pendant plusieurs mois, ou pendant un an. C’est même souvent indispensable : c’est quand on a le plus besoin de faire une pause qu’on en a le moins les moyens.

Parce que si tu vis dans l’urgence financière, si tu ne sais pas comment tu paieras tes factures à la fin du mois, alors tu ne peux pas avoir la sérénité ni le recul nécessaire pour trouver et affiner les bonnes idées : celles qui font vraiment sens sur le très long terme.

Ça t’évitera de passer du coq à l’âne, de mini-projet en mini-projet, en espérant une semaine pouvoir réussir dans la pub Facebook, puis la semaine d’après en tentant ta chance avec la dernière stratégie TikTok à la mode, puis le mois suivant, avec la méthode du moment pour «décoller sur YouTube en moins de 12 jours».

Tout ça, ce sont des «opportunités» qui font briller les yeux, mais qui ne sont pas celles qui vont t’aider à sortir du trou.

Une fois que tu auras trouvé ta voie, celle dans laquelle tu peux t’accomplir et devenir vraiment bon, une fois que tu auras bâti une activité stable et durable, à ce moment-là tu auras tout le temps de te perfectionner en pub Facebook, d’essayer telle méthode sur TikTok, ou d’essayer des stratégies YouTube.

Mais pas avant.

Mon conseil, c’est donc celui-là : n’écoute surtout pas les Néandertal qui te conseillent de creuser ton trou avec encore plus de force.

Mais commence par prendre le temps de trouver le bon endroit où forer.

Et pendant que tu le cherches, trouve une autre source de revenus : ça te permettra de ne pas te mettre à creuser prématurément au mauvais endroit parce que tu es pressé.


📷 La photo du jour :

Fifi inspecte les travaux finis dans la nouvelle salle de bains de la ferme...


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